Enregistré le: Ven Jan 04, 2008, 13:55 Messages: 1037 Localisation: Cannes
Mardi soir 18h00.
Aujourd’hui, la mer est calme. Mieux que ça, on se croirait sur un lac. Pas un brin de vent, ni le moindre clapot. Autant j’aime la mer quand elle est démontée. Autant j’aime ces moments de calme ou pas un brin d’air ne vient troubler la surface de l’eau. Cette quiétude m’apaise.
J’arrive sur mon petit port du « Moure Rouge », dénommé ainsi car construit à proximité d’une grosse roche rouge situé sur le front de mer. C’est toujours un plaisir d’arriver là et d’y retrouver son bateau, ses amis. Un parfum d’iode rempli mes narines, un parfum de liberté, un parfum de bonheur.
Ce soir, j’ai un programme bien précis. J’ai pris une journée de congé pour le lendemain pour pécher à la traîne au vif. Il va me falloir d’abord capturer quelques vifs. Je choisi de faire des calamars à la tombée de la nuit et de les garder vivants dans mon vivier. Ainsi le lendemain je pourrais rejoindre directement mes spots préférés et être en action de pêche au plus vite.
Avec le changement d’heure, la nuit tombe maintenant vers 20h00. Je suis en avance pour la recherche des calamars et je décide donc de faire un tour derrière les îles au cas où il y aurait des chasses avant la nuit.
Pendant que je prépare le bateau et mes cannes, des amis viennent me voir. Je leur explique mon programme de traine aux calamars vivants. Ils semblent dubitatifs. "Trainer des calamars vivants, mouais…. pourquoi pas ? ".
Arrivé derrière les îles, le paysage est magnifique. Peu de bateaux en mer. Le grand rush de l’été se rapproche alors je profite à fond de ces moments là. Bientôt il y aura des bateaux dans tous les sens. Je préfère de loin être seul. Malgré une visibilité exceptionnelle, je ne verrais pas l’ombre d’un remous. Tant pis. Le temps passe vite et le soleil se couche déjà. Il est temps d’aller à la recherche des calamars. Le crépuscule étant le moment le plus propice à cette pêche. Je rejoins la côte pour trainer au raz du bord. Je dispose mes 4 cannes en traîne avec des "turluttes". Deux heures plus tard, j’ai 6 calamars qui "batifolent" dans mon vivier. C’est suffisant pour mon programme du lendemain.
Mercredi matin 8h00.
Arrivé au bateau, je jette un œil sur mon vivier. Les calamars sont bien vivants. La pompe a fonctionné toute la nuit. Les choses sérieuses peuvent commencer. Je prépare la canne sur laquelle j’accrocherai mon vif. C’est une Jigwrex 200, équipée d’un Sphéros 8000 avec de la tresse en 50 Lbs. De quoi faire face à la majorité des prédateurs locaux.
Je me rends sur un premier spot relativement éloigné. La mer est toujours d’huile. Le bateau file ses 20nds sans problème.
Arrivée sur ce premier spot, j’accroche mon plus beau calamar avec un montage à 3 hameçons dont 2 coulissants. Je laisse filer 50m et j’accroche alors un plomb d’1 kg, 1 mètre de fil nylon et le tout fixé sur la ligne mère avec un élastique. Je commence à trainer sur un fond de 40m environ en vérifiant régulièrement que mon vifs suit le fonds de très prés. 1 heure plus tard arrive ce qui devait arriver, le plomb s’accroche sur une roche et c’est la casse inévitable. Je n’ai plus de plomb de cette taille et il va falloir composer avec des plombs nettement moins lourds qu’il me reste. Soit des plombs de 300 gr et de 100gr. Je ne pourrais plus alors atteindre des profondeurs de 40m ou 50m mais rester à 20m maxi. Je choisi alors d’accrocher sur ma ligne un plomb de 300gr, plus un de 100gr.
Je continue toute la matinée en changeant de spot régulièrement mais toujours peu profonds (20m au plus).
Je ne suis pas adepte de la pêche à la traîne et je commence à m’ennuyer un peu.
Midi arrive, je me mets à l’abri et je me fais une pause casse croûte. Je ressens un peu de fatigue et je décide de faire une petite sieste d’une demi-heure dans la cabine. Ca fait du bien.
Après cette sieste réparatrice, je rejoins une tête de roche, le moral gonflé à bloc. 25m de fonds et beaucoup de vie autour. J’arrive tant bien que mal à atteindre cette profondeur en lâchant beaucoup de fil. Et c’est le départ ! Le moulinet crache ce son tant aimé par tous les pécheurs : ZZZZZZZZZZZZ.
Je ferre et immédiatement je sens que c’est bien un beau poisson qui est au bout. Je m’éloigne au moteur de cette tête de roche et me dirige vers des fonds plus importants pour ne pas que le poisson viennent à longer la roche et casser ainsi la ligne. Le poisson donne de gros coups de tête. Ca sent le Denti. Et un beau car pour le moment, je ne lui prends rien. Je suis maintenant sur un fonds de 50m et je stoppe le moteur pour mieux apprécier le combat. Puis il finit inévitablement par céder et je le remonte petit à petit en pompant. Et puis c’est la catastrophe. D’un coup la canne me revient dans la figure et l’espace d’une seconde je pense que je l’ai perdu. Mais immédiatement j’ai de nouveau le contact. Il est bien toujours là mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Etrangement j’ai l’impression que le poisson est encore plus gros. Il vient mais oppose une forte résistance. Et si c’était une Sériole ? Je desserre alors un peu le frein pour éviter toute casse.
Arrive le moment où l’on aperçoit ce reflet venant des profondeurs mais sans distinguer alors quel est ce poisson. S’il y avait un moment magique dans la pêche pour moi, c’est bien celui là. On combat ce poisson pendant un moment mais on ne le voit jamais pendant ce combat, jusqu’au moment où ce reflet apparait de nulle part. Puisses je garder cet émerveillement là toute ma vie.
C’est bien un beau Denti qui apparait maintenant. Mais surprise il est pris par le flanc ! L’hameçon est à peine passé sous un lambeau de peau. Ceci explique qu’il ait eu une telle résistance. Ce qui explique aussi que j’ai à un moment pris ma canne en pleine face et immédiatement repris contact avec le poisson. L’hameçon a dû se décrocher de ses lèvres pour se raccrocher alors sur son flanc. C’est mon jour de chance ! Je baisse immédiatement mon frein au cas où il aurait encore la force de faire un nouveau départ. Je le saisi enfin par la queue et le monte à bord. Il est magnifique. Je suis aux anges.
Je le garderais et il nous régalera autour d’une bonne table avec des amis. Une bien belle journée !
Enregistré le: Ven Jan 04, 2008, 13:55 Messages: 1037 Localisation: Cannes
negus19 a écrit:
Quel beau récit accompagné de photos vraiment superbes... félicitations.
Je me laisse aller à rêver que peut être un jour.........
Peux-tu nous en dire un peu plus sur la méthode de traîne avec des turluttes.....sans dépasser les raisons ou secrets d'état...!
Salut Negus, Non, non, pas de secret d'état pour cette pêche trés pratiqué dans notre région. J'en ai déjà parlé dans un autre post : viewtopic.php?f=35&t=13691&hilit=calamars
Pour les calamars en traine lente, rien de plus facile. 2 montages types : Le plus simple c'est une turlutes à bavette genre rapa.. , 1m50 de fluoro genre 25/100 (pas la peine de mettre moins) accrochée par un émerillon au fil mère (nylon). Le deuxième c'est la guirlande avec 2/3 turluttes japonaises (le fluoro est trés bien) séparées d'1m et en partie terminale une turlutte à bavette (elle fait descendre l'ensemble à 1m ou 2 et donne une oscillation à l'ensemble). Les 2 montages sont praticables avec une canne ou à la main. On peut mixer genre 2 cannes longues sur les extérieurs du bateau et 2 lignes à mains attachées sur les taquets du bateau. Pour les cannes privilégier les cannes sensibles genre canne à leurre 10-30 gr. C'est mieux pour la touche et on sent les pitées du calamars. Evitez les cannes de traine de 30 Lbs, par pitié... Le moulinet frein désséré, ça évite les ratées et les tentacules qui cassent. Pas de ferrage surtout. A la touche, on resserre le frein doucement et on remonte lentement sinon les tentacules se déchirent. Traine la plus lente possible 1.5 à 2.5 noeuds. Plombage ou pas en fonction de la zone. Dans 5 m d'eau ,pas de plombage. Si plus profond il faut varier les lignes, 1 en surface et les autres à différentes couches avec soit un plomb soit planchette japonaise ou Paravanne, au choix. Pour les turluttes, varier les couleurs et quand une couleur prend plus que les autres, passer toutes les lignes avec la même couleur.
Aprés il ya d'autres techniques mais celle là est trés productive
Enregistré le: Ven Jan 04, 2008, 13:55 Messages: 1037 Localisation: Cannes
pako a écrit:
Quelle lecture
C'est magnifique comme à ton habitude Gilou Tes reports font passer une émotion rare, on vit avec toi ta passion de la mer.
Dans de elles conditions météo, il ne faut pas aller chercher plus loin, ... Le paradis est là, ... Notre paradis, somme toute un vrai privilège.
Merci Gilou pour ces instants de partage Ton Denti est splendide, quel poisson Alors Honneur au vaincu et bonne table.
PS: Une pensée malgré tout pour ton pointu magnifique qui doit lui aussi couler des jours heureux dans d'autres bonnes mains
Merci Pako Pour mon pointu, ne t'inquiète pas, il est resté dans mon port. Alors je le garde à l'oeil et si son nouveau proprio ne l'entretient pas, je l'engueulerai
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